Fahrenheit 451- Mise en scène de David Géry
Vu le 7 février 2013 au Volcan Maritime
Collège Claude Bernard, Classe (3èmes) de Bérénice Daniel et Caroline Granger
Atelier dirigé par Cécile Faggiano
La pièce de David Géry et l’histoire de Fahrenheit 451 nous ont fait penser au film The True Man Show de Peter Weir avec Jim Carrey, héros d’une émission de téléréalité sans le savoir.
L’influence des pompiers sur la population est impressionnante. Leur chef arrive à convaincre tout le monde que les livres n’ont aucun sens et ordonne qu’on les brûle. Il a pourtant beaucoup lu lui-même car il fait des citations et peut exercer le pouvoir avec sa maîtrise de la langue. Son costume rappelle celui d’un dictateur, Hitler ou Kadhafi.
Le système totalitaire mis en place par les pompiers utilise des robots, une ligne directe reliée à la caserne dans tous les appartements, des murs personnalisés (écrans géants) pour surveiller les gens chez eux. On sent le pouvoir des pompiers présent dans le décor, ça tourne en rond. Les espaces privés sont aussi publics car les murs du décor bougent et on se trouve dans plusieurs endroits en même temps. Intérieur et extérieur se mélangent.
Les like dans les vidéos projetées nous ont fait penser à Facebook où on peut, sur son mur, montrer sa vie privée à tout le monde.
Les transfusions sanguines sont assurées par des hommes qui pourraient être plombiers bien qu’habillés en ambulanciers. Pour ces « urgentistes » c’est la routine : nombreux sont les citoyens, comme Mildred, l’épouse de Montag, qui tentent de se suicider chaque jour par overdose de cachets pour se calmer de la réalité.
Mildred apparait comme un zombie, droguée et somnambule. Elle se moque carrément de son mari et seule son émission de téléréalité compte pour elle.
Chaque semaine des mots disparaissent, sont interdits d’usage, c’est un véritable embrigadement. Les gens sont manipulés et deviennent complètement idiots. Les pompiers ne réfléchissent plus par eux-mêmes mais obéissent aux ordres -ceux que donnent la télévision et la hiérarchie.
Les mots ou les apparences sont le contraire de ce qu’elles désignent : la télévision est une Grande Famille, elle voit en même temps qu’elle est vue, les infirmiers portent une blouse mais n’ont pas de compétence médicale, le limier est un robot, les pompiers sont incendiaires, Montag et Mildred sont mariés mais ne s’embrassent jamais -il n’y a qu’un oreiller dans leur lit-, ils ne semblent pas amoureux.
Le pouvoir détruit les livres, met en place des émissions qui abrutissent la population pour s’assurer plus facilement le contrôle sur les gens. La fumée des autodafés aveugle, pique les yeux et empêche la lecture. Le feu c’est le sacrifice, ce qui part du sol pour toucher le ciel.
La vieille dame qui s’immole dans sa maison préfère mourir cultivée et intelligente avec ses livres plutôt que de vivre sous l’influence d’un système qui rend les gens complètement idiots.
Nous avons pensé à Jeanne d’Arc sur le bûcher, une combattante courageuse et moderne accusée de sorcellerie.
Les livres que nous avons lus et qui nous ont marqués nous ont changés. Nous avons par exemple pu nous identifier à Anne Frank grâce à son Journal.
Le jeu des acteurs était statique avec de trop longues tirades. La compréhension était rendue difficile par les ellipses dans la mise en scène. Le personnage de Clarisse était trop puéril, agaçant, par rapport à l’importance de son rôle dans le roman.
Clarisse passe pour instable mentalement aux yeux de tous mais petit à petit nous comprenons qu’elle a juste une vision des choses totalement différente de ceux qui vivent sous l’influence des pompiers. Elle a le don de faire réfléchir les gens à leurs actes. Elle hérite certainement sa façon de voir de son grand-père dont elle parle à Montag lors de leur rencontre. Certaines des paroles de Clarisse peuvent être interprétées comme des didascalies et transforment Montag qui en vient à se révolter.
Les hommes-livres qui se lèvent de la salle pour réciter un extrait de texte sur scène créent un moment de suspens inattendu.
Montag retrouve une vraie famille à la fin, celle de ceux qui s’intéressent aux livres. Il n’est plus seul.
Pour nous cette pièce de théâtre n’était pas de la science-fiction mais imprégnée de notre réalité contemporaine.